PROBLEME N°2 :
Le nucléaire est

dangereux

« Le nucléaire :  la façon la plus dangereuse de faire bouillir de l’eau ».

  • Le nucléaire est une énergie à haut risque. Chaque centrale nucléaire qui ferme, est un pas vers un monde plus sûr.
  • Le nucléaire nécessite un niveau de sécurité tellement élevé qu’il ne peut être garanti, encore moins dans une économie de marché qui vise à la maximisation des profits et la minimisation des coûts.
  • Il implique aussi une sécurité géopolitique sur plusieurs centaines d’années, ce qui est malheureusement tout aussi impossible.
  • Aucune compagnie d’assurance au monde n’accepte de couvrir les centrales nucléaires.

Bien entendu, la plupart du temps, l’énergie nucléaire est sûre. Comme pour les vols aériens ou le transport automobile, des aménagements constants font de la sécurité un enjeu important de l’industrie de l’atome. Malheureusement, le risque zéro n’existe pas et malgré son génie, l’humain est faillible. Les centrales nucléaires aussi peuvent dysfonctionner ou subir des accidents.

Le problème avec le nucléaire, c’est que contrairement à l’immense majorité des industries, ces  dysfonctionnements ou accidents sont potentiellement incontrôlables, extrêmement dommageables et dangereux. Ce n’est pas sans raison qu’aucune compagnie d’assurance au monde n’accepte de couvrir les centrales atomiques.

S’il n’est pas souhaitable de développer une psychose permanente autour du nucléaire, nous ne pouvons pour autant écarter la question – centrale – des risques de l’atome.

L’accident nucléaire majeur se caractérise par une probabilité infinitésimale et un dommage potentiellement immense.

La fréquence des accidents majeurs dans l’industrie nucléaire est souvent sous-estimée. Depuis les débuts du nucléaire civil, sept accidents majeurs se sont produits dans le monde (les plus connus sont ceux de Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima).

A l’échelle du parc nucléaire mondial (un peu plus de 400 réacteurs en fonctionnement dans le monde actuellement), nous approchons d’une occurrence bien plus élevée que les modèles probabilistes de l’industrie nucléaire : oui, des accidents majeurs sont rarissimes, mais oui, ils arrivent, et oui, ils ont ou peuvent avoir des conséquences absolument immenses.

L’industrie nucléaire et ses lobbyistes tentent de faire croire que les centrales nucléaires «modernes» sont sûres et que les problèmes ayant mené à des catastrophes telles que Tchernobyl ont été résolus.

En réalité, le nucléaire reste extrêmement dangereux. Pour certains experts, l’occurrence d’accidents graves est même une certitude statistique.

 2.1. Risques d’accidents

Il existe différents types de réacteurs : le modèle russe RBMK (celui de Tchernobyl), le réacteur britannique Magnox et les réacteurs à eau pressurisée – également appelés PWR – tels que ceux qu’on trouve à Three Mile Island, Doel ou Tihange.

Les uns sont équipés de systèmes de sécurité intégrés plus développés que les autres, et un pays applique des mesures de sécurité plus contraignantes qu’un autre. Mais une chose est certaine : l’énergie atomique est dangereuse par nature.

Les catastrophes nucléaires les plus connues restent celles de Tchernobyl, survenue le 26 avril 1986 et celle de Fukushima, le 11 mars 2011.

Ces accidents ont été classés au niveau 7 sur l’échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques (dite échelle INES), c’est-à -dire le plus haut niveau.

La catastrophe de Tchernobyl

La catastrophe de Tchernobyl est un accident nucléaire majeur survenu le 26 avril 1986 dans la centrale V.I. Lénine, située à l’époque en République socialiste soviétique d’Ukraine. Il s’agit de la plus grave catastrophe nucléaire du XXe siècle, classée au niveau 7 (le plus élevé) de l’échelle internationale des événements nucléaires (INES), surpassant, d’après l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), par ses impacts environnementaux immédiats, l’accident nucléaire de Fukushima de 2011, classé au même niveau. L’IRSN mentionne pour ces accidents des effets sanitaires potentiels, une contamination durable de territoires et d’importantes conséquences économiques et sociales.

L’accident de Tchernobyl est provoqué par l’augmentation incontrôlée de la puissance du réacteur n° 4, conduisant à la fusion du cœur. Ce qui entraîne alors le craquage de l’eau des circuits de refroidissement, puis l’explosion et la libération d’importantes quantités d’éléments radioactifs dans l’atmosphère, provoquant une large contamination de l’environnement, ainsi que de nombreux décès et maladies survenus immédiatement ou à long terme du fait des irradiations ou contaminations.

L’événement a eu des conséquences sanitaires, écologiques, économiques et politiques importantes. Plus de 200 000 personnes ont été définitivement évacuées. L’accident a provoqué entre 60 et 4 000 décès selon les rapports des agences onusiennes publiés dans les revues scientifiques à comité de lecture, et beaucoup plus selon diverses analyses d’agences ou d’ONG

L’accident nucléaire de Fukushima

L’accident nucléaire de Fukushima est un accident industriel majeur survenu au Japon après le tsunami du 11 mars 2011.

Il s’agit de la deuxième catastrophe nucléaire de l’histoire, classée au niveau 7, le plus élevé sur l’échelle internationale des événements nucléaires (INES), au même degré de gravité que la catastrophe de Tchernobyl (1986), en particulier par le volume important des rejets radioactifs dans l’océan Pacifique.

L’accident nucléaire de Fukushima est ce qu’on appelle au Japon un genpatsu-shinsai, un accident combinant les effets d’un séisme et d’un accident nucléaire. Le tsunami consécutif au séisme a mis hors service le système de refroidissement principal de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, entraînant la fusion des cœurs des réacteurs 1, 2 et 3 ainsi que la surchauffe de la piscine de désactivation du réacteur 4.

Le nombre de décès relatifs à ces accidents majeurs du nucléaire reste sujet à de nombreux débats. Concernant Tchernobyl, entre les décès qui ont directement suivi la catastrophe, ceux causés par les maladies provoquées par les radiations à moyen terme, ou les impacts sur la santé des enfants, les chiffres varient de plusieurs centaines jusqu’à plusieurs centaines de milliers de morts.

Il n’est pourtant pas nécessaire de sombrer dans une comptabilité morbide pour comprendre que l’impact de telles catastrophes est incalculable sur la vie de centaines de milliers de personnes : qu’il s’agisse de leur santé, ou plus généralement des impacts physiques et psychologiques de l’évacuation et des déplacements de populations à très large échelle, de l’abandon pure et simple de villes entières, détruisant des vies, des familles, des situations sociales et professionnelles, rendant des milliers de kilomètres carrés infréquentables pour, au mieux, plusieurs centaines d’années.

Le nucléaire reste un moyen de production d’électricité aux conséquences potentielles colossales et ingérables.

Chaque année, des événements touchant la sûreté nucléaire surviennent partout dans le monde, dans tous les types d’installations nucléaires et dans les réacteurs de toute conception. Des événements graves passent totalement inaperçus du grand public ou restent sous-évalués eu égard à leur potentiel de risque.

Il y a quelques mois encore, un employé d’EDF révélait comment l’industrie nucléaire française imposait à ses employés de garder le silence ou de masquer des incidents graves dans une de ses centrales. Vous avez dit transparence ?

En Belgique

En Belgique, nous n’avons pas connu d’accidents majeurs, mais la situation n’est pas complètement rassurante pour autant. Outre l’accroissement du nombre d’incidents tels que des petites fuites ou des courts-circuits, certains événements sont particulièrement préoccupants : ainsi la découverte de microfissures dans les réacteurs de Doel 3 et Tihange 2, une tentative de sabotage jamais élucidée en août 2014 à l’intérieur de la centrale de Doel 4 (et qui a forcé un arrêt de plusieurs mois et un coût estimé à 100 millions d’euros), ou encore le fait que des terroristes ont espionné pendant plusieurs semaines un travailleur du secteur nucléaire belge.

L’impact potentiel d’un accident nucléaire en Belgique ou dans un des réacteurs limitrophes serait colossal : peut-on seulement imaginer que des villes comme Anvers, proche de la centrale de Doel, ou Liège et Namur, proches de la centrale de Tihange, soient soudainement totalement évacuées ?

La petite taille de notre territoire national et l’importante densité de population font que les conséquences d’un accident seraient particulièrement dramatiques.

Plus généralement, l’affaiblissement graduel des matériaux des réacteurs a de quoi inquiéter. Une fois que les réacteurs ont atteint une certaine durée (une vingtaine d’années) de fonctionnement, le risque d’accident nucléaire augmente chaque année de manière significative.

Un réacteur nucléaire n’est pas à l’abri de phénomènes conduisant à une dégradation de ses composants, liée à l’âge.

Ces phénomènes de « vieillissement » peuvent dans certains cas augmenter le risque d’une défaillance affectant la sûreté de la centrale. Ils doivent donc faire l’objet d’une gestion particulière.

Dans ce contexte, prolonger la vie des centrales au-delà des 40 ans est tout sauf anodin et est une réelle prise de risque.

Il était initialement prévu, à leur conception, que nos centrales nucléaires fonctionnent une trentaine d’années. La loi de sortie du nucléaire de 2003 a prolongé ce délai de 10 ans et une nouvelle décennie de prolongation a été accordée entre 2013 et 2015.

La durée de vie initiale d’un réacteur est principalement la durée de vie de certains éléments qu’on ne peut pas remplacer, notamment la cuve du réacteur.

La durée de vie de celle-ci est calculée à sa fabrication, et estimée en général à trente ou quarante ans.

Une prolongation est envisageable au-delà, mais nécessite une batterie de tests et de calculs.

Au niveau mondial, une bonne centaine de réacteurs ont déjà été arrêtés et l’âge moyen de ceux-ci au moment de leur fermeture était d’un peu plus de 20 ans. En 2022, l’âge moyen des réacteurs du parc nucléaire mondial est d’environ 31 ans.

On ne dispose à l’heure actuelle que d’une expérience réduite d’exploitation de réacteurs commerciaux de grande puissance dont la durée de fonctionnement avoisine ou dépasse les quatre décennies.

Personne ne peut garantir le bon fonctionnement de réacteurs pendant 60 ans.

Ce qui est sûr, c’est que le risque d’accident augmente significativement et que, quelle que soit leur durée de fonctionnement, les centrales nucléaires devront fermer tôt ou tard.

Et, aujourd’hui, partout en Europe, des réacteurs posent problème.

Un modèle de réacteur intrinsèquement sûr verra-t-il le jour ?

Pour l’instant, un tel modèle n’existe que sur papier. Son principe est basé sur le fait qu’en cas de problème, comme une rupture du circuit de refroidissement, le processus de fission nucléaire est automatiquement arrêté afin d’empêcher toute fonte du noyau.

Dans le meilleur des cas, il faudra dix ans avant qu’un prototype soit conçu, dix années supplémentaires pour que le type de réacteur soit certifié et enfin encore dix ans pour que le premier modèle commercial soit connecté au réseau.

Dans l’hypothèse qu’un réacteur intrinsèquement sûr puisse effectivement voir le jour, le premier exemplaire ne serait donc pas opérationnel avant une trentaine d’années. Et les problèmes et risques d’accident liés à toutes les autres étapes de la chaîne nucléaire ne seraient pas exclus pour autant, sans même se poser la question de la viabilité du modèle économique.

 2.1. Risques d’accidents

En plus des risques d’accidents, les installations nucléaires constituent des cibles privilégiées en cas de guerre ou d’attentat terroriste.

La situation ukrainienne nous l’a récemment encore démontré : Tchernobyl et Zaporijia sont devenues des cibles militaires, alors que  la centrale de Joezjno-Oekrajinsk a été la cible d’explosions à seulement 300 mètres des installations atomiques. La fourniture d’énergie représente en effet un objectif  important en cas de conflit.

Étant donné que notre approvisionnement en électricité dépend en partie de deux sites nucléaires, la tentation de les mettre hors service pourrait être grande. En cas d’impact par un projectile explosif, la dissémination dans l’environnement d’un cocktail de substances radioactives se ferait encore plus facilement qu’en cas d’accident nucléaire.

La Belgique étant par ailleurs un pays très densément peuplé, un accident, peu importe l’origine, aurait des répercussions colossales : évacuation de la ville de Liège ou d’Anvers et de son port, par exemple.

Il existe aujourd’hui de nombreuses armes conventionnelles (explosifs classiques) face auxquelles aucune centrale nucléaire ne peut résister.

Ainsi, une bombe aérienne de 900 kg peut, en explosant, former un cratère de 10 mètres de profondeur et 15 mètres de diamètre. Une telle bombe peut transpercer 3 mètres de béton armé et 50 cm d’acier. Avec les technologies actuelles en matière d’armement comme les projectiles guidés par satellite ou laser et les bombes à pénétration, il est tout à fait possible d’atteindre avec précision une centrale nucléaire ou un entrepôt de déchets radioactifs.

De grandes quantités de substances radioactives se propageraient alors sur des distances importantes. Tout l’environnement (au sens large) autour de la centrale nucléaire resterait, après un accident, inhabitable pendant des siècles.

En plus des risques d’actions militaires en cas de conflit, les installations nucléaires constituent également une cible potentielle pour les terroristes. Depuis le 11 septembre 2001, des équipements de défense aérienne ont été installés autour de nombreuses installations nucléaires aux États-Unis, ainsi que près de l’usine de retraitement de déchets radioactifs de la Hague, en France.

Suite à ces attentats, l’AFCN a remis le 17 mai 2002 un rapport au ministre de l’Intérieur concluant que les bâtiments des réacteurs des centrales les plus vieilles (Doel 1 et 2, et Tihange 1) peuvent supporter la chute d’un petit avion, mais pas d’un plus grand comme un Boeing 707/720. Le crash d’un tel avion de ligne sur la centrale de Tihange entraînerait des conséquences inouïes.

Les piscines de stockage qui permettent l’entreposage provisoire de combustible nucléaire irradié au sein même des centrales, présentent en ce sens des risques particulièrement évident en cas de volonté terroriste de dispersion de matériaux radioactifs.

En mai 2004, le secrétaire d’état Américain Colin Powell envoyait une lettre au gouvernement belge, demandant de renforcer la protection physique des centrales nucléaires belges en y plaçant des gardes armés afin de prévenir tout acte terroriste ou vol de combustible.

L’AFCN a estimé que le souhait américain ne se justifiait pas compte tenu de la présence, à proximité des centrales belges, des antennes de police… De nouvelles mesures ont été prises depuis, dont on ne sait pas grand chose, « secret nucléaire » oblige, mais on peine à imaginer un grand changement.

En 2014, plusieurs centrales nucléaires belges et françaises ont été survolées à de nombreuses reprises par des drones, sans que ceux-ci puissent être identifiés.

On sait aussi que les auteurs des attentats de Paris en 2015 ont suivi et filmé pendant des dizaines d’heures un employé d’une centrale nucléaire belge.  Sans présumer de leurs intentions, ces faits sont  évidemment sources d’inquiétude. 

Chaque centrale nucléaire dispose d’une « piscine », dans laquelle le combustible irradié doit refroidir durant plusieurs dizaines d’années. Ces piscines sont particulièrement vulnérables en cas d’attaque.

Les déchets hautement radioactifs y sont en effet présents sans conditionnement de protection, qui plus est dans une installation de stockage qui n’a pas été conçue pour résister à une chute d’avion ou à une attaque à l’arme lourde.

En Belgique, la vulnérabilité aux attaques militaires ou terroristes n’est pas spécifiquement prise en compte dans les rapports de sécurité des centrales ou dans les critères d’octroi de permis. L’énergie atomique impose pourtant une stratégie de sécurité géopolitique qui doit se décliner, à minima, sur des décennies…

La situation mondiale actuelle nous rappelle que c’est tout simplement impossible.

Des accidents peuvent également survenir dans d’autres installations que les centrales à proprement parler. Citons les lieux de fabrication de combustibles nucléaires, de retraitement et de stockage des déchets (par exemple à Mol) ou les transports de matériel radioactif.

Un des incidents les plus graves en Belgique (niveau 3 sur l’échelle INES) a eu lieu en 2008 sur le site de recherche nucléaire de l’IRE (Institut des Radioélements) à Fleurus avec pour conséquence le rejet dans la nature de produits radioactifs.

 2.3. Risques de prolifération

Le nucléaire reste un moyen de production d’électricité aux conséquences potentielles colossales et ingérables.

Chaque année, des événements touchant la sûreté nucléaire surviennent partout dans le monde, dans tous les types d’installations nucléaires et dans les réacteurs de toute conception. Des événements graves passent totalement inaperçus du grand public ou restent sous-évalués eu égard à leur potentiel de risque.

Il y a quelques mois encore, un employé d’EDF révélait comment l’industrie nucléaire française imposait à ses employés de garder le silence ou de masquer des incidents graves dans une de ses centrales. Vous avez dit transparence ?

La mise à jour des activités du Dr Abdul Qadeer Khan (le père de la bombe atomique pakistanaise) a révélé l’existence d’un vaste réseau privé d’import-export disposant de tous les éléments permettant de construire une arme nucléaire : uranium enrichi, centrifugeuses ou pièces pour centrifugeuses, plan d’armes, instructions de montage.

Ce réseau comportait des intervenants dans de nombreux pays : Dubaï, Bahreïn, Malaisie, Afrique du Sud, Sri Lanka, Pays-Bas et Allemagne. Abdul Quadeer Khan a avoué en février 2004 avoir participé à des transferts illicites de technologies nucléaires à l’Iran, la Libye et la Corée du Nord, sans fournir de détails.

Des documents découverts en 2006 sur les ordinateurs d’hommes d’affaires suisses faisant partie du réseau d’Abdul Qadeer Khan contenaient des détails essentiels pour la fabrication d’une bombe nucléaire miniature pouvant potentiellement intéresser l’Iran, la Corée du Nord et des terroristes.

Les plans cryptés découverts sur les ordinateurs ont été détruits, mais l’agence onusienne ne peut pas exclure que ces documents aient été partagés avant leur destruction. Rappellons que le Dr Abdul Qadeer Khan a été formé, entre autres, en Belgique, à la KUL.

Les défenseurs de l’industrie nucléaire affirment que le plutonium provenant de réacteurs civils ne pourrait être utilisé pour fabriquer une arme atomique. Pourtant, selon une étude de l’Académie nationale des Sciences américaine, citée dans un communiqué du Ministère américain de la Défense, « virtuellement, n’importe quelle combinaison d’isotopes de plutonium peut être utilisée pour fabriquer une arme nucléaire. »

“On atterrit ainsi sur la problématique des liens entre technologie, démocratie et souveraineté démocratique. L’énergie nucléaire n’a pu être développée que moyennant une injection massive de moyens financiers par les pouvoirs publics et ne peut subsister que moyennant une collaboration étroite entre ces derniers et les exploitants des centrales nucléaires. L’autorité politique doit protéger les centrales contre les attentats, veiller à la sécurité nucléaire, contribuer à résoudre le problème des déchets et persuader la population du bien-fondé de ces « solutions ». La population, et même le Parlement, n’a en général qu’une prise réduite dans ces domaines. En effet, à tort ou à raison, l’autorité ne peut ni ne veut divulguer l’information pertinente.”

 2.4. Une technologie indissociable de son usage militaire, dans un contexte de guerre aux portes de l’Europe

Le danger de prolifération nucléaire est proportionnel au nombre de nouvelles centrales dans le monde. Malgré tous les efforts de régulation de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), la limite entre l’usage civil et militaire de cette technologie reste franchissable. L’exemple le plus récent est l’extrême complexité du développement du nucléaire en Iran. 

En fin de compte, aucun pays ne peut être contraint à se soumettre à des contrôles de l’AIEA.. Développer le nucléaire partout dans le monde, c’est développer potentiellement la prolifération de l’arme atomique, avec la menace extrême dont l’actualité ukrainienne est le sombre rappel, ou l’usage terroriste de matières radioactives.

La production d’électricité par l’atome pose des problèmes de sécurité colossaux, y compris au regard des risques de conflits militaires.

Le fonctionnement correct d’une centrale atomique ne peut être garanti dans un contexte territorial de guerre : maintenir un refroidissement du réacteur et la protection des piscines est un enjeu crucial qui nécessite de l’énergie en suffisance ainsi qu’un approvisionnement en eau de façon continue. Les générateurs d’urgence ne peuvent fonctionner de façon autonome que quelques jours. 

Des incidents ou accidents autour des sites nucléaires peuvent avoir des conséquences directes sur le réacteur. Enfin, il est nécessaire de garder des équipes de maintenance compétentes, reposées, en suffisance, pour le bon fonctionnement des centrales.

Ce qui s’est passé à Zaporijia ces derniers mois nous montre la fébrilité du fonctionnement d’une centrale atomique en temps de guerre. Et qui peut garantir un territoire sans conflit sur des décennies ? Malheureusement personne.

 2.5. Le nucléaire est vulnérable aux changements climatiques

De nombreux réacteurs ont du fonctionner au ralenti ou être mis à l’arrêt à travers l’Europe (et le monde) ces dernières années en raison de conditions climatiques exceptionnelles.

Les changements climatiques constituent une menace pour la sûreté des centrales et la production d’électricité, et ce d’autant plus que de tels évènements sont appelés à augmenter en fréquence et en intensité dans le futur.

Ce sont les vagues de chaleur qui ont créé le plus de frayeur aux exploitants de centrales nucléaires. Les canicules et périodes de sécheresse subies ces dernières années en Europe ont sérieusement altéré le refroidissement des centrales car la température de l’eau puisée était trop élevée et son débit trop bas pour lui permettre de jouer suffisamment son rôle.

Or, l’augmentation de l’intensité et de la fréquence de périodes chaudes et sèches  est prévisible dans les années à venir.

D’autres évènements climatiques extrêmes constituent une menace pour les centrales nucléaires : les tempêtes, inondations, fortes chutes de neige ou vagues de froid.

En décembre 1999, les vagues soulevées par des vents violents franchirent à plusieurs reprises la digue de protection de la centrale du Blayais, située dans l’estuaire de la Gironde (France), inondant des locaux, affectant les installations du site et mettant hors d’usage plusieurs installations de sauvegarde.

De telles inondations ne sont pas non plus à exclure le long de cours d’eau en cas de crue, comme c’est arrivé en Allemagne le long de l’Elbe, en 2002. La plus récente vague de froid dans le sud des Etats-Unis, en février 2021, a démontré, là aussi, la fragilité des centrales nucléaires lors d’événements météorologiques hors normes.

La multiplication des événements décrits ci-dessus accroît la vulnérabilité aux changements climatiques de nos systèmes de production d’électricité hyper-centralisés et dépendants d’un nombre restreint d’unités de production comme les centrales nucléaires.

 2.6. Les Inondations en Wallonie en juillet 2021

Les intempéries peuvent représenter un grave danger pour la sûreté nucléaire. En juillet 2021, la Belgique fait face aux plus graves inondations de son histoire récente.

A hauteur de Tihange, la Meuse, dont le débit normal en été est de 50m³ par seconde (pour 300m³/s en hiver) a approché les 2.200m³/s au pic de la crue, soit le seuil maximal de résistance prévu lors de la conception de la centrale, se rapprochant dangereusement de la limite critique des 2500m³/s, qui requiert l’activation de son Plan Interne d’Urgence (PIU).

En cas d’inondation d’une centrale nucléaire, les conséquences sont multiples et potentiellement gravissimes. A commencer par une perte des alimentations électriques externes, nécessaires au refroidissement des réacteurs, qu’ils fonctionnent ou pas.

Une inondation peut également entraîner une perte de l’alimentation en eau de refroidissement à cause des déchets charriés par les cours d’eau pouvant obstruer les accès des pompes de refroidissement. Elle peut aussi impacter la sûreté des entrepôts de déchets radioactifs…

Suite à l’accident de Fukushima, les seuils de crue de référence avaient été augmentés à Tihange. Autrement dit, nous avons dépassé en juillet 2021 le niveau de débit de la Meuse contre lequel la centrale nucléaire de Tihange avait été conçue à l’origine.

Les autres problèmes du nucléaires :

Problèmes N°1
Problèmes N°3
Problèmes N°4
Problèmes N°5
Problèmes N°6
Problèmes N°7
Problèmes N°8
Problèmes N°9
Contre-point